Article de Nord Eclair à Neuchâtel

Changez les noms, et imaginez les StArlettes quelques heures avant leur danse Championne d’Europe...

NOS  AMIS  DU  NORD  et de  L°EQUIPE  DE  FRANCE - 152.1 ko

GAËLLE CARON (ENVOYÉE SPÉCIALE EN SUISSE) > gaelle.caron@nordeclair.fr

Bienvenue dans un monde de filles. Un petit millier de jeunes Européennes enfermées dans un gymnase deux jours durant, avec son lot de cris, de pleurs, de rires et d’engueulades : le scénario vaut bien un programme de télé réalité. « Qui a vu le blush ? », demande l’une.

« Tu peux regarder si on voit pas les bretelles de mon soutif ? », s’inquiète l’autre. Dans le vestiaire de l’équipe de France, imprégné d’oestrogènes, les Lolitas se préparent du mieux qu’elles peuvent en essayant de gérer leur stress. Thérèse a les mains si tremblantes qu’on dirait qu’elle joue du piano... sans piano. Carole a mal au ventre. Quant à Gilda, la présidente-majorette, elle est depuis la veille au bord de la crise d’apoplexie. Livide. « Vivement que ce soit fini », disent-elles. La tension est à son comble. Les onze miss de Calonne-Ricouart, la bleusaille de la compétition, ont compris dès la cérémonie d’ouverture, la veille, qu’il y a autant de points communs entre ces championnats d’Europe et les parades locales de la fête à Neuneu qu’entre Jean-Paul Sartre et Clara Morgane.

Du lourd, du costaud Les équipes en piste ici, au gymnase de la Patinoire du Littoral, au bord du lac de Neuchâtel, c’est du lourd, du costaud, du sérieux. Et pas une qui ne soit venue pour faire un cadeau... « Les Lolitas manquent d’expérience, mais ce n’est pas catastrophique. Il faut qu’elles se donnent à fond, qu’elles soient sûres d’elles. Il n’y a plus à réfléchir », commente Ghislaine, la coach de l’équipe de France, qui compte 82 majorettes en provenance de 4 clubs (Janville, Lieusaint, Bourg-les-Valence et Calonne-Ricouart) concourant dans des catégories différentes (solo, duo, parade, exhibition, traditionnel, en junior ou senior).

L’heure tourne. Dans les tribunes, Nathalie, la maman de Tifany et Mélanie, a « la chair de poule » et les larmes aux yeux. Freddy et Karl, les maris de Thérèse et Gilda croisent les doigts. Eux aussi ont pris la mesure du niveau général en voyant notamment les parades des Hollandaises et des Tchèques. Des chorégraphies absolument géniales à faire aimer les majorettes à un joueur d’échecs. Un dernier fil à couper sur la tenue « rouge et noir », un dernier coup de laque sur le chignon, un collant effilé à changer, un peu de bombe à paillettes et stop. Maintenant en piste les filles !

Les Croates se retirent. Les drapeaux bleu-blanc-rouge s’agitent dans le virage nord de la salle bouillante. Les Lolitas s’avancent sous les encouragements des quelques proches qui ont fait le déplacement avec elles, mais aussi et surtout des autres membres de la sélection nationale. Halo, de Beyoncé, le titre musical qu’elles ont choisi pour parader, est envoyé. Marion, la jumelle de Sophie, donne le rythme et guide les pas. Elles ont exactement 3 minutes et 42 secondes à tenir. Une éternité. Et au bout du compte, un seul bâton à terre. Vraiment pas mal pour une première compétition officielle, mais certainement pas suffisant pour séduire le jury face à la rigueur, à la dextérité, au dynamisme et à l’originalité de certaines de leurs adversaires. Même pas grave. Après les bêtes à concours des Pays-Bas et de l’Est, il fallait déjà avoir le courage d’y aller et de ne pas craquer. Les majorettes de Calonne-Ricouart y sont allées. Bravo.

Merci pour ce texte plein d’humour et de vérité. Avec Les StArlettes de Lieusaint, Les Lolitas et Les Cristallines, c’est toute la France des Majorettes qui a gagné.